Il existe encore un chemin.
Nous le découvrons ensemble mais je suis plus confiante que toi. 
Moi, je le sais sinueux et caché, à l'abri des tempêtes, je le sais surprenant et merveilleux, jalonné de guitares, de cahiers, d'images tout juste prononcées, et tant pis pour l'adage, je sais aussi que non, il n'y a pas que les écrits qui restent.

Il est tien, ce besoin de tout graver dans la pierre.

Je l'avais, fut un temps... mais j'ai aujourd'hui la certitude que je ne me trompe pas: il est des élans qui ne requièrent aucune justification.
Seulement pour toi, je vais justifier, expliquer, argumenter, prouver.
Je vais faire tout cela en décrivant ce que je vois, ce que je sens, ce que je vis.

Ce que je sais.

Qu'aucun homme, aucune femme, si important qu'il ait pu être à mes yeux, ne m'a jetée aussi violemment -et innocemment- dans le bonheur.
Que tu es l'Homme. "La somme de tous les hommes", et le seul, pourtant. Le premier après ces autres sans visages, le dernier aussi.
Que sans toi, mon roman aurait été deshumanisé peu à peu, sous l'empreinte du temps.
Que même, il aurait été achevé un jour sans que je puisse imprimer l'amour-vie dans l'épilogue.

Alors, lorsque le moment sera venu pour moi de t'apprendre l'existence de cette bulle noire et mauve, lorsque tu tourneras enfin les pages virtuelles de ce morceau de nous, ne te cache pas, accepte l'inépuisable élan de notre histoire, admets mes pulsions irrespectueuses du passé, entends le sens véritable de mes séances de recoloriage.
Prends cet amour-là en pleine face, et surtout prends le pour ce qu'il est: l'oeuvre majeure d'une improbable amoureuse, le commencement et l'aboutissement d'une quête de l'impossible.
Parce que c'était toi, mon amour, oui, c'était toi.